Autonomy 2022 - Uniformiser les batteries électriques, la clé du défi écologique

Le sujet est encore dans toutes les discussions, a fortiori en période électorale : la transition énergétique est une urgence. Dans nos deux précédents articles sur la rencontre Autonomy de mars 2022, nous avons montré comment la réparabilité des batteries et leur interopérabilité pouvait mettre à contribution le marché des EDPM dans la transition écologique. Ces deux démarches pourraient être les étapes d’un processus destiné à réduire l’empreinte écologique des EDPM, et des véhicules personnels en général. La troisième étape, que nous évoquons ici, serait celle de l’uniformisation des batteries électriques.

Electricité : une demande mondiale en augmentation

Dans le monde, la demande électrique est en nette progression. L’électro-mobilité constitue une grande part de cette demande, comme le souligne Bernard Guillarme, vice-président de l’Avere. Cette demande pourrait mener à la possibilité de charger sa batterie durant la journée, et pose la question de la réparabilité.

“Il reste encore du chemin à faire pour créer un marché de la batterie réparable : certaines marques refusent de payer pour les réparations quand c’est encore possible. D’autant que d’un point de vue juridique, il est difficile de savoir à qui appartient une batterie, une fois réparée.”. 

Des efforts restent donc à produire. Face à la difficulté de mettre en place une filière de réparation, en parallèle à la filière de recyclage, l’uniformisation des batteries semble se poser comme une solution. 

Remettre l’usager au centre 

Pour nos invités, point de changement sans mise à contribution des utilisateurs. 

“Les usagers doivent être remis au centre de toutes les préoccupations. Si l’on cherche à rendre les batteries réparables, interopérables ou à les uniformiser, c’est avant tout pour l’intérêt des usagers. Quelle solution leur coûtera le moins cher, tout en répondant aux exigences écologiques ? Quel parti pris permettra de leur vendre des trottinettes dont l’autonomie sera satisfaisante ? Comment faciliter leur contribution à la transition écologique par les EDPM ?”, rappelle Sylvain Martin, GM France de TIER Mobility.

Sylvain Martin évoque également la possibilité d’installer une borne de recharge chez les commerçants, ou des power box, comme c’est déjà le cas en Angleterre. Cela permettrait aux usagers de recharger eux-mêmes leurs batteries. 

Standardiser les batteries ou les chargeurs : la prochaine étape vers un marché durable

La standardisation des batteries peut être une réponse aux problématiques posées par l’interopérabilité et la réparabilité. Dans un contexte où les batteries sont directement intégrées aux engins, il est en effet difficile d’envisager l’interopérabilité dès la conception des batteries. Cela reste possible, mais demandera un processus relativement long. D’autant que l’intégration de la batterie au châssis fait partie des demandes des fabricants. Il est donc nécessaire de créer le dialogue entre les fournisseurs, les fabricants, les revendeurs et les entreprises spécialisées dans la filière de recyclage et la réparation des batteries. Cela permettrait d’évoquer les obstacles quet pose l’intégration des batteries à une démarche pro-écologique réelle. Mais la standardisation divise les opinions. Faut-il privilégier la standardisation des batteries, ou se limiter à celle des chargeurs ? 

Pour Olivier Moucheboeuf, responsable commission cycle de l’USC, standardiser les batteries reviendrait à freiner l’innovation. 

Dans la mesure où le marché de l’EDPM est par essence international, soumis à des réglementations qui changent d’un pays à l’autre, la question de la standardisation se posera pourtant de plus en plus. 

L’exemple de Gouach, une des pionnières des batteries éco-conçues

Gouach est une start-up bordelaise qui propose la première batterie électrique à destination des vélos, trottinettes, scooters et petits véhicules électriques : 

  • conçue et fabriquée en France,
  • réparable en moins de 10 minutes, 
  • dotée du wifi et du Bluetooth, ce qui permet de diagnostiquer une batterie n’importe où en utilisant l’application dédiée.
  • Alors que les batteries de la micro-mobilité sont basées sur l’obsolescence programmée, Gouach offre un design réparable et durable, répondant à un enjeu écologique et économique fort. 

L’idée : concevoir les batteries comme un ensemble de cellules individuelles et non soudées. 

Étant composées de cellules soudées entre elles, les batteries classiques ne sont pas faites pour être réparées, à moins d’être traitées dans des infrastructures sécurisées. La solution n’étant pas viable en l’état, Gouach a pris le parti de rendre les opérations très simples : 

  • En analysant et en plaçant les cellules de manière individuelle, 
  • En travaillant sur un système low cost pour éviter les soudures,
  • En s’appuyant sur un BMS qui assure la sécurité de la batterie, démontable et capable de monitorer l’état de la batterie à tout moment, puis de le communiquer par wifi à l’application de diagnostic. 

La start-up est disponible sur une plateforme qui facilite le monitoring. Destinée aux opérateurs de flottes et au marché B2B2C, elle propose aux constructeurs de véhicules des batteries construites sur un modèle unique, facile à remplacer. 

En fin de vie, les batteries sont récupérées et les cellules, réaffectées dans le cadre de l’économie circulaire. 

Le premier test s’est avéré être un succès. Il a été effectué avec la marque Pony, qui a acheté plus de 500 batteries en 2020, toutes réparées ou remises à niveau, sans déchet.