Usages et marchés: les futurs des Nouvelles mobilités

 

La Fédération des professionnels de la micro-mobilité a organisé, le 8 décembre 2020 après-midi, un webinaire autour du futur des nouvelles mobilités. Le live, était structuré en 3 temps : 

 

  • le partage de l’espace pour les nouvelles mobilités

  • les services aux usagers

  • prospectives et orientations du marché. 

Pour introduire le futur des nouvelles mobilités, la fédération présentait un bilan de l’année 2020, avec ses succès passés et ambitions à venir. Jean Ambert est notamment revenu sur un highlight de 2020, avec l’enquête “Usages, risques et perceptions”, dont vous trouverez un article récapitulatif ici

 

Cette année, marquée par la crise sanitaire, a prouvé une chose pour le marché des EDPM : ses utilisateurs ont encore des difficultés à se faire pleinement accepter dans l’espace public. Ces nouveaux modes de transport sont encore trop souvent mal aimés des autres usagers qui les stigmatisent. Le problème est également structurel, puisque les infrastructures et la signalétique routière ne sont pas encore pleinement adaptées à ces nouvelles pratiques. 

Pour la FPMM, l’enjeu est d’accompagner ces pratiques pour que les usagers trouvent enfin leur place dans l’espace public. Partout en France, une politique de mobilité est en cours de déploiement. 

1ere Table ronde – Nouvelles mobilités et partage de l’espace

Comment œuvrer pour que chacun profite de la ville aujourd’hui ? Comment faciliter toutes les mobilités dans l’espace public ?

Pour Olivier Schneider, président de la FUB, “tous les français doivent avoir le choix de leur moyen de déplacement. La LOM apporte de nouveaux leviers pour donner une vraie place aux nouvelles mobilités”.  Les EDPM répondent à certains besoins auxquels le vélo ne répond pas, comme celui d’avoir un engin compact, pliable et transportable dans les bus, trains et métros. Aussi, il ne faut pas opposer les modes de transports, mais bien mettre en avant leur complémentarité en termes d’usages. 

 
Comportements et respects des règles

 

Stéphane Pénet, délégué général adjoint à la FFA, envisage la cohabitation des modes de transports comme un enjeu majeur dans la cartographie des assureurs aujourd’hui. Il y a quelques années, le risque routier était plus matériel que corporel en ville. Avec les nouvelles mobilités, le risque corporel devient plus important. Si les propriétaires sont plus avisés que les locataires d’EDPM, des progrès restent à faire, notamment sur les comportements et la connaissance des règles de circulation. “Constructeurs, loueurs, assureurs, pouvoirs publics, tout le monde doit s’allier pour sensibiliser les usagers”, conclut Stéphane Pénet, pour un partage apaisé de l’espace public. Damien Pichereau, député de la Sarthe, partage le point de vue du délégué général adjoint de la FFA, en proposant de mettre en place un observatoire des nouvelles mobilités, afin d’anticiper les nouveaux modes de déplacement (et donc, de leur juridiction)

 

Au-delà des règles, un travail public sur l’infrastructure

 

La réglementation doit être respectée par les différentes catégories d’usagers : les réguliers et les ponctuels. Il faut informer et sensibiliser les acteurs ponctuels au respect des règles. Si le partage de l’espace n’est pas simple, il faut en effet parler règles, mais aussi infrastructures, qui ne sont pas encore totalement adaptées aujourd’hui : les EDPM doivent pouvoir s’intégrer dans un espace parfaitement partagé. Pour Laurent Hecquet, directeur général de la MAP, un travail reste à faire dans les villes pour améliorer les infrastructures.  

Le problème d’adaptation de la ville à ces nouveaux usages est un enjeu fondamental pour les villes, qui se densifient. Les usagers d’EDPM sont souvent plus vulnérables, et des infrastructures dédiées peuvent les protéger.  

 

Pour conclure cette table ronde sur le partage de l’espace, Damien Pichereau revient sur l’importance de la réglementation mais aussi de celle des sanctions, pour lui complémentaires, qui permettent d’éviter tout débordements au niveau des comportements des usagers d’EDPM. Pour lui, l’espace public doit être apaisé, l’éducation, la sensibilisation et l’amélioration de l’infrastructure sont les clés de cet apaisement. 

2e Table ronde – Les services aux usagers

 

On est dans une économie qui a débuté autour de l’usage d’un produit. Autour de ce produit, une offre de service s’est développée très rapidement. Les services sont centrés sur les usagers, et de plus en plus souvent, liés à l’environnement. 

Lorsque l’on met à disposition de nouvelles mobilités, il y a un enjeu d’éducation, de sensibilisation. Aujourd’hui, les entreprises sont en recherche d’accompagnement à l’usage. Joel Montout est fondateur de M-Wheel. Pour les entreprises, il propose un pack mobilité : si une flotte trottinette est mise en place en entreprise, M-Wheel propose de la sensibilisation et un accompagnement à l’usage. “De plus en plus de salariés viennent en vélo et en trottinette électrique. les chefs d’entreprises ont l’obligation de sensibiliser les collaborateurs”. 

 

Des services pour assurer la longévité et la fin de vie des EDPM 

 

Quand on s’intéresse aux enjeux des EDPM, on se rend compte de leur impact environnemental. L’activité d’Ecologic est centrée autour de la gestion des déchets. Des réglementations européennes imposent la mise en place de dispositifs pour la gestion de ces déchets. Le métier d’Ecologic, c’est d’apporter une solution collective aux acteurs du marché des EDPM. Bertrand Reygner est directeur des relations techniques et institutionnelles. Pour lui, “la trottinette électrique est un équipement complexe, mécanique, électrique et une batterie. Il faut lui trouver une bonne fin de vie. On a travaillé avec la FPMM pour gérer les déchets des EDPM. Le service est offert aux metteurs sur le marché”. 

 

Green-Rider centre également son activité autour des enjeux environnementaux et a choisi, pour 2021, de travailler sur le sujet du bilan carbone dans l’accompagnement de ses clients. Leur activité tourne autour de la distribution, de la réparation et de la location de trottinettes électriques. L’entreprise est dans une démarche de progrès, pour maximiser l’usage de l’équipement, est aussi liée à la réparation des EDPM. Aujorud’hui, les gens cherchent de la performance, de la sécurité. “Le besoin de réparation est de plus en plus présent. Sur 2019, on a réparé 15000 trottinettes. En 2020, les gens se sont redirigés vers la trottinette électrique, on a le double de demandes en termes de réparations” commente Grégory Hanquet, directeur du développement chez Green-Rider.

Pourtant aujourd’hui encore, 2⁄3 des réparateurs en france sont incapables d’intervenir sur des véhicules électriques, selon Julien Martinez, directeur de “Ma Mobilité” chez Allianz. Pour les EDPM, cela a un impact sur l’assurance. C’est la raison pour laquelle l’assureur réfléchit à accompagner leurs réparateurs sur la gestion des EDPM pour demain. 

Prospective : Quels services pour les EDPM demain ? 

Le marché des trottinettes électriques est en plein boom. Un besoin pour demain, c’est de développer une certaine réassurance, avec un service de contrôle technique des trottinettes pour permettre aux gens de mieux revendre leur trottinette. Il faut assurer la longévité des trottinettes, avec des services de réparation et de réemploi pour demain. 

Les services de demain seront également centrés “usagers” : “mobility as a service”, avec une expérience usager de grande qualité. Par exemple, avec un seul ticket de transport, on pourra demain prendre un bus et une trottinette, un atout majeur pour s’interfacer avec tous les modes de transports. Le rôle de l’assurance dans cette démarche est clé. Dans cette optique, Allianz teste déjà le marché, afin de protéger les usagers et les dommages possibles qu’il pourrait causer. 

3e Table ronde – Orientations du marché et prospectives

 

On assiste aujourd’hui à un foisonnement d’offres autour des nouvelles mobilités, avec le multi-modal, de l’intermodal, des véhicules autonomes… Les mobilités sont plus légères, plus responsables. Cette offre mobilité est aujourd’hui multiple, et évolue en permanence. 

 

Un marché qui s’adapte aux évolutions des usages
 

Nicolas Gorse, DG France chez DOTT, donne sa vision sur l’orientation du marché des EDPM : “2021 sera l’année du vélo électrique. On va lancer notre vélo électrique en partage, et c’est aussi le cas de beaucoup d’opérateurs. La technologie est facilement scalable. Dott veut être un acteur multimodal, on va aller sur des villes plus petites aussi, avec des modèles économiques éprouvés dans de grandes villes, encore à prouver ailleurs”. 

Différents usages ont été accélérés avec la crise sanitaire. Les déplacements domicile-travail ont augmenté. Altermove a un réseau de magasins, et selon Benjamin Jude, responsable produit, les usages ne sont pas les mêmes selon les villes, à Paris ou à Bordeaux. “L’effet trottinette bashing a une vertu pour nous, il y a une opportunité pour les distributeurs d’EDPM. On doit construire notre offre avec un focus client”. En effet, si les usages des EDPM évoluent, le confort, la performance et la praticité ont de plus en plus d’importance aux yeux des usagers.  

La stratégie d’adaptation de l’offre est primordiale pour les acteurs du marché. Les magasins veulent des trottinettes étanches, une disponibilités des pièces détachées pour la partie service. Une trottinette électrique doit être réparée dans un délais raisonnable, ce qui représente aujourd’hui un vrai challenge pour les magasins. La trottinette devient bien plus qu’un outil ponctuel, c’est un véritable outil de mobilité au quotidien. 

 

La crise comme opportunité pour le marché des EDPM

 

Tout au long de la crise du COVID, le marché des EDPM a continué de croître. Karim Tarzaim, fondateur de Celerifere, voit la trottinette comme l’opportunité de finir les derniers km entre la gare et le lieu de travail, en évitant la voiture ou les transports en commun. Il a constaté la multitude d’offres et d’acteurs sur le marché des EDPM, qui se structure et attire beaucoup d’acteurs. La partie rechange était pour lui une opportunité. Chez Celerifere, il propose des EDPM dans lesquels chaque élément est changeable, pour garantir la durabilité des engins. 

Si la crise du COVID impacte durablement les usages autour des EDPM, pour Nicolas Gorse, elle a donné lieu à une volonté politique de favoriser les mobilités légères, un renforcement des infrastructures et des changements de mindset structurels chez les usagers. La demande se maintient à des niveaux élevés, même durant le second confinement. C’est une réelle opportunité pour le secteur. 

 
Une croissance à trois chiffres pour les trottinettes

 

Malgré la crise, le marché des EDPM poursuit sa forte croissance. Entre le black friday et Noël, la fin d’année est une bonne période business. Cependant, l’effet COVID a propulsé le vélo, qui a gagné 2-3 ans sur son marché. “La tension du marché du vélo va faire exploser celle de la trottinette”, selon Benjamin Jude

Pour les 5 prochaines années, DOTT concentre son développement sur l’aménagement des véhicules. Les caractéristiques liées à la sécurité et à l’usage sont en constante amélioration. L’entreprise s’oriente notamment vers les véhicules de mobilités pour plus d’un passager, pour les trajets de moins de 5km. Jocelyn Loumeto, délégué général à la FPMM, insiste en complément sur le côté réglementaire et sécuritaire des engins de micro-mobilité pour plus d’un passager. 

Karim Tarzaim, quant à lui, pense l’avenir de la trottinette comme une évolution des produits et des normes. Le marché est en croissance et se structure du point de vue des catégories de produits. Le micro-scooter par exemple, a un bien meilleur rendement qu’un scooter thermique. Pour le fondateur de Celerifere, c’est un produit d’avenir sur le marché des EDPM. Benjamin Jude rejoint également Karim, en insistant sur l’intérêt des services autour de ces nouveaux produits, dont celui du label, dores et déjà mis en place par la FPMM. 

Le marché des trottinettes électriques connaît aujourd’hui un boom sans précédent, avec une croissance de 73% de CA en 2019. Une vraie différenciation de gamme se dessine, avec des engins très qualitatifs en vente en magasins indépendants, et des engins prêts à l’emploi en circuits GSA/GSS/Enseignes multisports. Dans le cadre de cette évolution, la FPMM met à disposition des utilisateurs le label Qualité de Service en Magasin de Micro Mobilité (QS3M), afin de les accompagner dans la recherche de l’engin le plus adapté à leurs besoins. 

 

Merci à tous les invités pour leurs interventions passionnantes lors de cette dernière table ronde “Usages et marchés: les futurs des Nouvelles mobilités”.