Le 09 décembre la FPMM a organisé une conférence portant sur le thème “L’impact des règlementations sur l’innovation dans le secteur des nouvelles mobilités.” Cet article est le résumé de l’une des tables rondes de cette conférence dont le thème fut “Les enjeux de la micro-mobilité” avec la participation de :
- Marie Defrance, directrice affaires publiques chez VOI
- Philippe Roche, président de l’ANNUME et directeur de recherche à l’INRAE
- Catherine Brillaud, directrice de l’écosystème Ma Mobilité chez Allianz
Comment faire en sorte que l’usage des nouvelles mobilités soit synonyme de liberté ? En aidant les usagers à s’approprier les nouvelles règles, grâce à un cadre qui permettra d’assurer le bon partage de l’espace urbain entre tous les types d’usagers.
Les enjeux de la micro-mobilité
Pour Philippe Roche, président de l’Association Nationale des Utilisateurs de Micro-Mobilité Electrique, trois enjeux caractérisent aujourd’hui l’usage des EDPM :
Le partage de l’espace
Pour les usagers, il est impossible de rouler hors des pistes cyclables hors agglomération.
La réglementation de vitesse
De nombreux utilisateurs demandent à pouvoir dépasser les 25 km/h, limite actuelle imposée à tous les types d’EDPM.
L’accidentologie
La prévention et la sécurité sont des questions centrales, dans la mesure où certains magasins n’apportent aucune information aux utilisateurs lors de l’achat.A l’heure où les EDPM sont de plus en plus utilisés, les autorités peuvent accompagner la croissance de ce marché en réglementant les ventes, en incitant notamment les vendeurs à fournir des informations, par exemple sous la forme d’une notice fournie à l’achat.
Catherine Brillaud, directrice de l’écosystème Ma Mobilité chez Allianz, abonde dans le sens d’un meilleur encadrement au niveau de l’accidentologie des EDPM. Elle rappelle que seulement 51% des usagers connaissent l’obligation de souscrire une assurance Responsabilité Civile ! Or, la loi Badinter prévoit dans l’obligation d’assurance l’indemnisation de tout usager de “véhicule terrestre à moteur”, en cas d’accident. “La loi évolue, et prend en compte les évolutions technologiques”, souligne Catherine Brillaud.
C’est dans l’intention de démocratiser l’idée de prévention chez les usagers qu’Allianz a signé un partenariat avec Lime, grâce auquel un casque est mis à disposition des utilisateurs.
Le stationnement
Pour Marie Defrance, directrice affaires publiques chez VOI, un opérateur suédois de trottinettes en free floating, le stationnement est l’un des plus grands enjeux du marché. Un sujet sur lequel on note une amélioration dans les villes, où le stationnement se fait de manière plus encadrée. Afin de renforcer cette tendance, VOI a proposé aux villes des infrastructures permettant un stationnement ordonné. Ce mobilier urbain est pris en charge à la fois par les opérateurs et les villes concernées.
Les solutions : intégrer les réflexes de sécurité dans les habitudes des usagers
Renforcer la signalétique
“Il y aura toujours des usagers réfractaires”, souligne Philippe Roche, pour qui le problème vient surtout du fait que les infrastructures ne sont pas toutes adaptées aux EDPM. En premier lieu, les pistes cyclables, dont la discontinuité porte atteinte à la sécurité des usagers. Certains d’entre eux quittent en effet la piste cyclable pour éviter les collisions avec les vélos.
“Nous devons implémenter une signalétique complémentaire à celle des vélos, comme c’est le cas en Espagne, par exemple, pour éviter les entraves à certaines règles comme l’interdiction de tourner au feu rouge”.
Equiper les usagers
Si le port du casque n’est pas généralisé sur les EDPM, pour l’usage desquels il est considéré comme encombrant, des initiatives visant à le faciliter voient le jour. C’est notamment le cas de Bumpair, une marque qui commercialise des casques compacts et dégonflables, beaucoup plus pratiques. VOI, l’opérateur suédois, équipe les trottinettes de clignotants, et a lancé une école de conduite en ligne pour rappeler les règles de sécurité.
Etudier les différentiels de vitesse
Il est essentiel d’étudier les limitations de vitesse imposées aux trottinettes. A Paris, ces dernières sont limitées à 10 km/h ; Bordeaux impose 20 km/h. Les différentiels de vitesse ainsi créés entre les trottinettes et les autres véhicules sont dangereux, comme le prouvent les études. Bien que l’impact de cette limitation soit encore à évaluer au niveau des assurances, elle doit être réévaluée à l’aune de la circulation en milieu urbain.
L’intermodalité en question
Grâce aux progrès technologiques, l’intermodalité se répand, comme le montre l’étude Mobiprox. Certains engins facilitent le recours à l’intermodalité. Il s’agit à présent de les équiper en fonction, notamment avec des anti-vol et via une augmentation des bornes de recharges dans les gares et les stations de bus.
Le défi des assurances
Assurer des usagers d’EDPM est un challenge, comme le constate Allianz, partenaire de la FP2M. L’expérimentation de l’acteur de l’assurance avec Transdev, portant sur l’autopartage et le vélo partagé, a fait émerger une problématique : les réglementations et les produits d’assurance ne sont pas les mêmes. L’assurance habitation peut couvrir le vol d’un vélo, et non celui d’un EDPM. Cela oblige les assurances à revoir les offres. Une démarche qui pourrait être facilitée par le fait que les véhicules autonomes vont impliquer une révision globale des offres d’assurance.
Focus sur les actions et propositions des partenaires
- Les trottinettes VOI sont interdites aux moins de 18 ans, comme toutes les trottinettes en free floating. L’entreprise fait des événements de rue pour sensibiliser à la prise en main des trottinettes.
- Côté usagers, il existe des interventions de sécurité routière pour sensibiliser les usagers. On pourrait par exemple imaginer un brevet pour les engins de plus de 25 km/h.
- Côté assurances, il existe des plateformes de prévention, des événements pendant lesquels Allianz fait essayer des trottinettes au grand public.
- Les actions à mettre en place doivent être coordonnées.
- Chez VOI, des recherches sont en cours pour pouvoir détecter si deux personnes sont présentes sur une trottinette, afin d’encore améliorer la sécurité.