SÉMINAIRE SUR LA RÉPARABILITÉ DES EDPM

SEMINAIRE

La Fédération des Professionnels de la Micro-mobilité poursuit son travail et organise un séminaire sur le thème de la Réparabilité des EDPM le 11 Octobre prochain afin de mobiliser les professionnels du secteur sur les enjeux d'allongement de la durée de vie des engins et leurs impacts environnementaux. 

Cette rencontre se fera uniquement sur invitation. 


L’immatriculation des EDPM n’est pas la solution !

La Fédération des Professionnels de la Micro-Mobilité , syndicat professionnel représentatif de la filière qui regroupe 49 entreprises de toutes tailles et activités, a souhaité prendre la parole au vu de la proposition de texte n° 732 (2021-2022).

Il semble plus que nécessaire que les autorités publiques, les représentants nationaux mais aussi tout l'écosystème des mobilités prennent en compte les réflexions, longues, qui ont déjà porté sur ce sujet.

Ci-dessous un communiqué de presse qui pourra mieux éclairer le sujet.
La Fédération se met à la disposition de tous les acteurs concernés pour continuer à avancer sur les sujets de sécurité de l'usage pour un développement responsable de ces mobilités du quotidien.


Accédez au Communiqué de Presse en cliquant ici


COMMUNIQUÉ DE PRESSE : Agir sur la prévention est plus que jamais nécessaire

Le Programme MOBIPROX a mis en place plus de 100 actions de sensibilisation dans toute la France d'ici la fin de cette année, afin d'éviter des accidents dus au manque de connaissances. 

Découvrez ci-dessous Notre Communiqué de Presse.

 




VERSION PDF DU CP


Édito : La sensibilisation aux micro-mobilités comme outil d’accompagnement du changement

La sensibilisation, la formation, l’échange et l’initiation sont des outils indispensables si l'on veut une transformation radicale des mobilités de proimité. A nous tous, acteurs des mobilités, de prendre le taureau par les cornes.

Le programme Mobiprox permet depuis plus d’un an à la FPMM et à l’association Prévention Routière à ses nombreux ambassadeurs de rencontrer une grande population de personnes intéressées, concernées ou simplement curieux des nouvelles mobilités. A ce jour, près de 7 000 personnes sont venus sur les différents stands du programme, touchant plus de 62 localités et avec une variation forte des profils ; âge, genre, catégorie socio-professionnels, centres d’intérêt etc…

Porté par le dispositif des Certificats CEE, soutenu par le ministère de la transition écologique et l'Ademe, financé par TotalEnergie, Mobiprox est une initiative unique en son genre.


Le programme MOBIPROX répond à 3 objectifs : Évaluer l’impact énergétique des mobilités en EDPM, mieux faire connaître ces nouvelles mobilités et constituer un observatoire des micro-mobilités.

Ce programme apporte un regard inédit au niveau mondial sur les micro-mobilités. Une vue d’une pertinence rare sur les impacts des mobilités de proximité. Au-delà des rapports d’une valeur inestimable et de la mise en place de l’Observatoire des micro-mobilité, une leçon majeure ressort de cette expérience ; la nécessité d’accompagner les révolutions des mobilités auprès de tous les publics si l’on veut que les changements soient acceptés et donc pérennes.

 

Que les villes soient grandes ou petites, qu’il s’agisse d’association ou de colloques professionnels, les gens ont besoin d’être informés, ils ont besoin que l’on leur donne le sens de toutes ces évolutions. Et cela, surtout en ne s’arrêtant pas aux seuls « adopteurs » enthousiastes des trottinettes et autres gyroroues.

 

L’une des grandes leçons décès actions de sensibilisation c’est de voir l’appétence qu’on les appelés « haters », de ces nouvelles mobilités, les pourfendeurs les plus virulents, pour avoir le sens de tout cela. Le rejet vient, très souvent de l’incompréhension face à l’explosion des usages, des interrogations sur les réels besoins remplis par ces EDPM. Le refus, très souvent, a pour origine la non-connaissance – existence de règles notamment, et l’appréhension.

 

L’expérience de Mobiprox montre que, au-delà de sensibiliser sur les règles existant, d’échanger sur l’impact des micro-mobilités, initier une population désireuse de tester des engins les voies du succès de ces nouvelles façon de se déplacer semblent assez claires : laisser s’exprimer les peurs et les appréhensions, laisser s’ouvrir les vannes du ressentiment, écouter sans juger, tendre l’oreille sans préjuger puis rassurer avec bienveillance, expliquer avec patience et surtout argumenter avec des chiffres, des études, des données. Si l’on veut avancer, il faut accompagner.

Avec toutes ces villes qui s’ouvrent aux nouvelles mobilités partagées, toutes ces collectivités qui se voient approcher par des opérateurs désireux d’apporter de nouveaux services sur des territoires qui voient des populations utilisatrices de EDPM croître sans cesse ; la question de la sensibilisation est plus que posée. Les autorités publiques, les décideurs se doivent de la prendre en compte. Sans idéologie, avec pragmatisme.


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Les nouvelles mobilités, les micro-mobilités, ne disparaitront pas. 900 000 trottinettes vendues en 2021, plus de 30 000 engins en libre-service dans plus de 30 villes, plus de 2,5 millions d’utilisateurs. Il ne s’agit pas d’un phénomène éphémère. Il s’agit d’un fait qui va s’ancrer. Pour que cela se fasse avec un minimum de turbulence, pour que la révolution dans nos villes continue de façon apaisée ; la conduite du changement est nécessaire. La sensibilisation, la formation, l’échange et l’initiation sont nécessaire. A nous tous, acteurs des mobilités, de prendre le taureau par les cornes.

Jocelyn LOUMETO
Délégué Général FPMM


Rendre les EDPM réparables : la clé d’une mobilité durable (et rentable)

Rendre les EDPM réparables : la clé d’une mobilité durable (et rentable)

Imaginez : vous êtes en circulation, vous donnez une impulsion avec le pied arrière sur le frein, et l’arc de pliage de votre trottinette se casse. Cet incident peut survenir lors de l’utilisation de tous les EDPM. Or, le contexte actuel nous amène à repenser nos modes de déplacements, et à aller vers plus de mobilités douces. Le moment semble donc bien choisi pour envisager un système qui permet un usage plus durable des EDPM. Durabilité, traçabilité, mesure et régulation de l’impact écologique : voici les différents paramètres dont les acteurs publics devront tenir compte !

Penser les EDPM en termes de cycle de vie

Si le cadre réglementaire autour des EDPM peut se montrer insuffisant ou inadéquat, c’est en partie parce que l’enjeu n’est pas pris dans sa globalité. Les EDPM constituent une catégorie particulière de véhicules, dont la principale caractéristique est le cycle de vie. Ce dernier impacte grandement l’utilisation et l’impact écologique des EDPM. 

La vie d’un EDPM s’étend en 4 phases : 

  • la fabrication de l’engin, 
  • celle de sa source d’énergie, 
  • la phase d’usage et de maintenance, 
  • et enfin la période de fin de vie. 

C’est durant les deux premières phases que l’on note la plus grande utilisation d’énergie. La fabrication nécessite en effet d’extraire les matériaux nécessaires à la construction de l’engin. Des matières de plus en plus rares, comme l’aluminium, le plastique ou certains types d’acier, dont l’extraction peut donc se compliquer avec le temps. Cette dernière peut donc se révéler de plus en plus polluante et chère : en 2020, du fait de la crise Covid et d’autres facteurs, le coût du container en partance de Chine vers l’Europe pour le transport de matériel a été multiplié par 10. 

Fabriquer des EDPM réparables pour réduire le coût écologique et économique

Favoriser la réparabilité des EDPM, grâce à une politique de durabilité efficace, aura donc un double-avantage : 

  • Réduire l’impact écologique de l’extraction de matériel et de fabrication de l’énergie, 
  • Optimiser les coûts de transport, grâce à la possibilité de réguler l’aspect logistique.

L’impact écologique de l’extraction peut donc être compensé par la durée d’usage des engins : plus l’utilisation est inscrite dans la durée, plus l’impact est réduit. Il devient donc nécessaire d’envisager les trottinettes et autres EDPM en termes de cycle de vie, et d’intégrer au cahier des charges de fabrication un critère de réparabilité. Ce besoin se fait notamment ressentir au niveau des batteries électriques. Celles-ci font d’ailleurs partie des produits classés “dangereux”, et de moins en moins de transporteurs acceptent d’en prendre la charge. 

Envisager de nouvelles solutions énergétiques 

Le coût de la batterie électrique est une question cruciale. Principale source de revenu des revendeurs, elle doit non seulement refléter le travail d’alimentation en énergie, la conception, mais également le transport. Les batteries viennent en effet pour la plupart de la Chine, ce qui implique des coûts logistiques élevés, auxquels s’ajoutent des taxes d’importation. Conséquences : dans la tête d’un acheteur, il est plus économique d’acheter une nouvelle trottinette que de remplacer sa batterie ! Pour révolutionner ce réflexe, la réparabilité se présente comme la solution la plus indiquée. Remplacer les cellules des batteries, par exemple, peut se révéler une option, comme le fait la marque Dynamic Batteries. D’autant que les industriels français disposent de techniques qui leur permettent de recycler 75% des composantes de batteries au lithium - ion. 


Uniformiser les batteries électriques, la clé du défi écologique

Autonomy 2022 - Uniformiser les batteries électriques, la clé du défi écologique

Le sujet est encore dans toutes les discussions, a fortiori en période électorale : la transition énergétique est une urgence. Dans nos deux précédents articles sur la rencontre Autonomy de mars 2022, nous avons montré comment la réparabilité des batteries et leur interopérabilité pouvait mettre à contribution le marché des EDPM dans la transition écologique. Ces deux démarches pourraient être les étapes d’un processus destiné à réduire l’empreinte écologique des EDPM, et des véhicules personnels en général. La troisième étape, que nous évoquons ici, serait celle de l’uniformisation des batteries électriques.

Electricité : une demande mondiale en augmentation

Dans le monde, la demande électrique est en nette progression. L’électro-mobilité constitue une grande part de cette demande, comme le souligne Bernard Guillarme, vice-président de l’Avere. Cette demande pourrait mener à la possibilité de charger sa batterie durant la journée, et pose la question de la réparabilité.

“Il reste encore du chemin à faire pour créer un marché de la batterie réparable : certaines marques refusent de payer pour les réparations quand c’est encore possible. D’autant que d’un point de vue juridique, il est difficile de savoir à qui appartient une batterie, une fois réparée.”. 

Des efforts restent donc à produire. Face à la difficulté de mettre en place une filière de réparation, en parallèle à la filière de recyclage, l’uniformisation des batteries semble se poser comme une solution. 

Remettre l’usager au centre 

Pour nos invités, point de changement sans mise à contribution des utilisateurs. 

“Les usagers doivent être remis au centre de toutes les préoccupations. Si l’on cherche à rendre les batteries réparables, interopérables ou à les uniformiser, c’est avant tout pour l’intérêt des usagers. Quelle solution leur coûtera le moins cher, tout en répondant aux exigences écologiques ? Quel parti pris permettra de leur vendre des trottinettes dont l’autonomie sera satisfaisante ? Comment faciliter leur contribution à la transition écologique par les EDPM ?”, rappelle Sylvain Martin, GM France de TIER Mobility.

Sylvain Martin évoque également la possibilité d’installer une borne de recharge chez les commerçants, ou des power box, comme c’est déjà le cas en Angleterre. Cela permettrait aux usagers de recharger eux-mêmes leurs batteries. 

Standardiser les batteries ou les chargeurs : la prochaine étape vers un marché durable

La standardisation des batteries peut être une réponse aux problématiques posées par l’interopérabilité et la réparabilité. Dans un contexte où les batteries sont directement intégrées aux engins, il est en effet difficile d’envisager l’interopérabilité dès la conception des batteries. Cela reste possible, mais demandera un processus relativement long. D’autant que l’intégration de la batterie au châssis fait partie des demandes des fabricants. Il est donc nécessaire de créer le dialogue entre les fournisseurs, les fabricants, les revendeurs et les entreprises spécialisées dans la filière de recyclage et la réparation des batteries. Cela permettrait d’évoquer les obstacles quet pose l’intégration des batteries à une démarche pro-écologique réelle. Mais la standardisation divise les opinions. Faut-il privilégier la standardisation des batteries, ou se limiter à celle des chargeurs ? 

Pour Olivier Moucheboeuf, responsable commission cycle de l'USC, standardiser les batteries reviendrait à freiner l’innovation. 

Dans la mesure où le marché de l’EDPM est par essence international, soumis à des réglementations qui changent d’un pays à l’autre, la question de la standardisation se posera pourtant de plus en plus. 

L’exemple de Gouach, une des pionnières des batteries éco-conçues

Gouach est une start-up bordelaise qui propose la première batterie électrique à destination des vélos, trottinettes, scooters et petits véhicules électriques : 

  • conçue et fabriquée en France,
  • réparable en moins de 10 minutes, 
  • dotée du wifi et du Bluetooth, ce qui permet de diagnostiquer une batterie n’importe où en utilisant l’application dédiée.
  • Alors que les batteries de la micro-mobilité sont basées sur l’obsolescence programmée, Gouach offre un design réparable et durable, répondant à un enjeu écologique et économique fort. 

L’idée : concevoir les batteries comme un ensemble de cellules individuelles et non soudées. 

Étant composées de cellules soudées entre elles, les batteries classiques ne sont pas faites pour être réparées, à moins d’être traitées dans des infrastructures sécurisées. La solution n’étant pas viable en l’état, Gouach a pris le parti de rendre les opérations très simples : 

  • En analysant et en plaçant les cellules de manière individuelle, 
  • En travaillant sur un système low cost pour éviter les soudures,
  • En s’appuyant sur un BMS qui assure la sécurité de la batterie, démontable et capable de monitorer l’état de la batterie à tout moment, puis de le communiquer par wifi à l’application de diagnostic. 

La start-up est disponible sur une plateforme qui facilite le monitoring. Destinée aux opérateurs de flottes et au marché B2B2C, elle propose aux constructeurs de véhicules des batteries construites sur un modèle unique, facile à remplacer. 

En fin de vie, les batteries sont récupérées et les cellules, réaffectées dans le cadre de l’économie circulaire. 

Le premier test s’est avéré être un succès. Il a été effectué avec la marque Pony, qui a acheté plus de 500 batteries en 2020, toutes réparées ou remises à niveau, sans déchet.


batterie

Autonomy 2022 : La conception de batteries standard et interopérables

La conception de batteries standard et interopérables

Dans l’article précédent sur la rencontre Autonomy 2022, nous avons évoqué la nécessité de penser la réparabilité des batteries dès leur conception. Ce deuxième volet est consacré à l’interopérabilité. Les matériaux destinés à fabriquer les EDPM sont issus, pour la plupart, de l’importation. Selon Anne-Sophie Caistiker, Directrice Générale de Green Rider Groupe, l’importation répondait à des règles simples, pendant les trois premières années durant lesquelles le marché des EDPM s’est constitué. Aujourd’hui, si les contraintes se multiplient, elles ont un aspect positif qu’il faut apprendre à exploiter. 

Repenser les modèles

La logistique est aujourd’hui réglementée de manière plus stricte. Il faut dire que certaines circonstances, comme le coût de transport, permettent d’aller dans ce sens.

Prendre les coûts de transport comme une opportunité : l’augmentation récente du prix de transport pousse les fabricants à repenser leur business modèle. En confiant la conception, par exemple, à des acteurs locaux, ou en renforçant le dialogue avec les fournisseurs étrangers. 

 

Comment répondre à l’augmentation du coût des matières premières ?

Pour nos intervenants, la durabilité du marché des EDPM passera également par la mise à contribution des utilisateurs. C’est ce que fait par exemple Doctibike, expert dans le domaine de la batterie de vélo à assistance électrique et la mobilité douce, en proposant aux usagers d’apporter eux-mêmes leur trottinette, et en leur offrant la possibilité de diagnostiquer leur batterie pour en estimer la durée de vie. 

Travailler avec les logisticiens : en créant des espaces dédiés à la mobilité électriques, les villes permettraient aux habitants de stocker en toute sécurité leurs engins, et de surveiller le niveau de charge. 

Pour Laurent Vittecoq, CEO de Onemile France, la gestion des coûts nécessite de fédérer tous les produits de mobilité électrique et de ne pas se limiter à la micro-mobilité. En somme, de penser mobilité douce au sens large : “on ne vend pas qu’une trottinette, mais un état d’esprit”, renchérit Karim, qui rappelle que l’écologie n’empêche pas la rentabilité. 

 

L’interopérabilité, une des solutions au problème du recyclage ?

Rendre les batteries utilisables dans tous les EDPM : c’est peut-être également sur cela qu’il faut parier pour faire entrer les EDPM dans une logique environnementale. Pour que ce soit possible, trois clés, selon nos intervenants et Jocelyn Loumeto, Délégué Général de la FPMM : 

  • limiter la course actuelle à l’autonomie des batteries, en donnant aux usagers la possibilité de recharger plus facilement et plus vite leur batterie, quel que soit l’engin qu’elle supporte. 
  • penser des batteries amovibles : les modèles actuels sont encastrés dans les châssis. Ce qui peut être résolu assez aisément, étant donné que l’intégration au châssis est le plus souvent faite pour des raisons esthétiques. 
  • élaborer un standard commun pour les batteries, afin qu’elles soient utilisables sur tous les types d'appareils. Cette discussion est déjà en cours dans l’industrie automobile. 

 

A l’heure où la réparabilité des batteries se heurte parfois à la difficulté pour certaines marques de s’y conformer, l’interopérabilité, qui implique un dialogue renforcé entre les différents acteurs, pourrait se révéler un compromis des plus utiles. 


Comment innover pour gagner en compétitivité ?

Comment innover pour gagner en compétitivité ?

À l'occasion du Salon Autonomy qui s'est ténue les 16 & 17 Mars, la FP2M a organisé un séminaire sur les batteries. Dans cet article vous retrouverez le résumé de la 1ère table, concernant "les batteries au coeur des nouvelles mobilités".

Cette table ronde était constituée de : 

Anne-Sophie Caistiker – Directrice Générale, Green-rider Groupe

Karim Tarzaïm – CEO, Célerifère

Bernard Guillarme – Vice-Président de l’Avere-France

Laurent Vittecoq – CEO & Founder chez Onemile France

Le marché des EDPM recèle de nombreuses promesses. Deux d'entre elles doivent attirer notre attention : l'avantage écologique et le potentiel économique. Une voie se propose aux acteurs de ce marché pour concrétiser ces atouts : celle de l'innovation et de la compétitivité. En s’appuyant sur le sujet des batteries, la FPMM a abordé ce positionnement lors de l’édition 2022 du salon Autonomy. Décryptage avec les experts invités, dans ce premier épisode sur l'innovation et la compétitivité des EDPM.

Les batteries d'EDPM : Une question de logistique et de culture

La plupart des batteries sont importées de Chine. C'est en Chine, entre autres, que l'on trouve des batteries de qualité. Le revers, en revanche, est culturel : comme le souligne Karim Tarzaïm, CEO de Célérifère, il est difficile de trouver des batteries certifiées en Chine, car cette démarche relève d'une pratique plutôt européenne. La solution serait donc de fabriquer sur place, en France où en Europe. Un pas de côte qui n'est pas sans impact sur le prix : "les trottinettes coûteraient entre 4000 et 5000 euros", signale Karim Tarzaïm. De quoi freiner les utilisateurs, notamment les occasionnels. Pour l'heure, Célérifère a localisé 70 % de son processus de fabrication en France, avec des acteurs de confiance. 

En attendant que la conception sur place soit plus abordable, comment agir dans l'immédiat ? 

Dialoguer pour fabriquer des batteries que l'on peut réparer

La logistique implique une réflexion sur la consommation d'énergie, pour les raisons évoquées précédemment. Or elle est aussi une étape inévitable, du moins pour l'instant, dans le circuit actuel des EDPM. C'est pourquoi il est essentiel d'agir sur un autre paramètre lié à l'énergie. Il s'agit de rendre toutes les batteries réparables, quel que soit leur lieu de provenance. Le dialogue entre les fournisseurs, de Chine ou d'Europe, est donc un impératif, selon Anne-Sophie Caistiker, Directrice Générale de Green Rider Groupe : "Notre rôle est de créer le dialogue entre les fournisseurs pour accélérer la réflexion sur la réparabilité". 

Trouver de nouvelles synergies s'avère aussi être un moyen d'accélérer la réparabilité. Ce pari a été relevé par Onemile France : marque initiée en Chine, elle a en partie exporté son circuit de fabrication en France et en Europe, tout en poursuivant son travail sur les batteries en Chine.

Réduire la pression sur les utilisateurs

“Il s’agit de rééquilibrer les forces entre les pays fournisseurs, avec comme objectif la durabilité du produit, qu’il soit importé ou fabriqué sur place”, souligne Anne-Sophie Caistiker. 

Inclure le cycle de vie de la batterie dès sa conception nécessite de résoudre deux  problématiques : le dialogue entre les fournisseurs français et étrangers, et la création d’un cahier des charges international, qui permettrait de faire certifier des batteries importées. Un troisième enjeu doit être également pris en compte : celui de l’expérience utilisateur. 

“On doit mettre l’usager au centre”, souligne Bernard Guillarme, Vice-Président de l’Avere. “Nous devons réduire la pression sur le consommateur, en prenant en charge la question écologique en tant qu’acteurs”. 


908 000 trottinettes électriques vendues en 2021

Les EDPMs continuent leur croissance en 2021, avec un nouveau boom de l'électrique.


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EDPM

Faire rimer EDPM et sauvegarde de l’environnement

Le 09 décembre 2021 la FPMM a organisé une conférence portant sur le thème “L’impact des règlementations sur l’innovation dans le secteur des nouvelles mobilités.” Cet article est le résumé de l’une des tables rondes de cette conférence dont le thème fut “Faire rimer EDPM et sauvegarde de l’environnement ” avec la participation de : 

  • René-Louis Perrier, président Ecologic
  • Jocelyn Loumeto, délégué général de la FPMM
  • Laurent Vittecoq, associé dirigeant groupe ZOE

La réparabilité des EDPM, une préoccupation sérieuse

René-Louis Perrier

René-Louis Perrier est président d’Ecologic, un éco-organisme qui prend en charge la responsabilité des producteurs.

Ces derniers ont l’obligation de gérer la fin de vie des équipements qu’ils fabriquent. Dans ce cadre, la règle DEEE, sur les déchets d’équipements électriques et électroniques, n’est pas la seule à laquelle il faut se conformer. D’autres obligations, comme l’adhésion à une REP Emballage - concernant l’emballage des engins - s’y ajoutent. 

Cela soulève un certain nombre de questionnements : 

  • un manque de synergie entre les différentes filières. Une des solutions pour y remédier serait de mettre en place un guichet unique pour réunir les obligations sur l’équipement électrique et l’accumulateur. 
  • la réglementation sur les articles de sports et de loisirs, à laquelle les engins de mobilité musculaire devront également se plier. 
  • une interface administrative encore complexe entre les utilisateurs et le dispositif réglementaire. 
  • les obligations liées à la distribution : les distributeurs sont en effet tenus de reprendre tous les produits du même type que ceux qu’ils vendent afin d’en assurer le recyclage. Cela implique de prévoir davantage de lieux de dépôt pour que les usagers puissent y laisser leur engin usagé. A cette fin, Ecologic compte développer un réseau de collecte pour permettre les bons gestes de tri. 

Penser la réparabilité dès la conception

Laurent Vittecoq

Pour Laurent Vittecoq, associé dirigeant groupe ZOE, les challenges sont nombreux. L’éco participation, en premier lieu, qu’il faut déjà réussir à payer en amont, dès la mise des engins sur le marché. Les modes de conception, ensuite :  pour qu’un produit soit facile à démanteler, il importe par exemple que la batterie soit facile à enlever au moment du recyclage. La réparabilité doit donc être pensée dès la fabrication, dans une logique d'éco-conception. 

La réparabilité, une problématique sociétale autant qu’environnementale

Le marché des EDPM fonctionne grâce à des acheteurs qui, sans encadrement en amont, peuvent devenir pollueurs. Pour René-Louis Perrier, c’est ce paradoxe qu’il faut résoudre, en travaillant en amont, dès la conception. En clair, il faudrait tendre vers des engins “prêts-à-réparer” : cette vision rétroactive de la conception relève de la responsabilité des producteurs, et évite au consommateur de contribuer à la pollution lorsque son engin arrive en fin de vie.  Cette notion de rétroactivité devient de plus en plus importante. Elle doit faire l’objet de davantage de prévention auprès des consommateurs, qui ont la main sur les solutions à mettre en œuvre pour améliorer l’impact social et environnemental des produits. Il s’agit donc d’une fonction sociétale importante qu’il faut compléter par l’aspect environnemental. 

Les produits très vertueux peuvent subir la pollution générée par d’autres, car la contribution est la même pour tous. Il faut améliorer cet aspect ! Aujourd’hui l’éco contribution ne pousse pas à fabriquer une bonne trotinette, c’est là toute la problématique du recyclage : nous devons intégrer à cette démarche la notion de réparabilité”, rappelle René-Louis Perrier.  Lorsque les producteurs conçoivent des produits bien conçus, réparables, ils ne sont pas récompensés par l’éco contribution. En revanche, un produit durable, pour plusieurs raisons, coûte finalement moins cher. Un produit réparable a plus de sens pour l’environnement, et se révèle plus économique, puisque l’on paie moins d'éco-contribution ! 

Faire de la réparabilité un argument de vente de masse

Dans un marché en pleine explosion, nous manquons de recul pour connaître ses répercussions environnementales. Les enjeux connus actuellement concernent la batterie, inflammable, et donc problématique pour la sécurité : elle doit pouvoir être extraite de l’engin et protégée pour ne pas prendre feu. Ils concernent également l’industrie, qui doit pouvoir valoriser l’éco conception à la hausse, dans un marché où la R&D doit encore se faire entendre afin de concevoir des produits plus responsables. Dans un marché qui amène les revendeurs à payer plus cher leur matière première et son transport, et à fixer une valeur marché assez basse pour être concurrentielle, le problème reste entier : revendre une trottinette correcte à 300 euros relève de l’impossible. Par ailleurs, la fabrication locale vaut cinq fois le prix d’un produit importé d’Asie.

Autant de données auxquelles le consommateur n’est pas forcément sensible et qu’il ne comprend pas toujours, surtout lorsqu’on connaît le prix moyen des EDPM !Dans ces conditions, mettre en avant l’indice de réparabilité semble être la solution, à la fois pour les producteurs et les consommateurs. Ces derniers sont 60% à accepter de dépenser plus de 500 euros pour un usage quotidien, et 8% à dépenser plus de 700 euros pour la même raison. Responsabiliser les acheteurs, les informer plutôt que les culpabiliser, leur vendre de l’utile, du qualitatif et surtout, du réparable : telle pourrait être la voie à suivre pour un marché de l’EDPM plus vertueux.