La conception de batteries standard et interopérables

Dans l’article précédent sur la rencontre Autonomy 2022, nous avons évoqué la nécessité de penser la réparabilité des batteries dès leur conception. Ce deuxième volet est consacré à l’interopérabilité. Les matériaux destinés à fabriquer les EDPM sont issus, pour la plupart, de l’importation. Selon Anne-Sophie Caistiker, Directrice Générale de Green Rider Groupe, l’importation répondait à des règles simples, pendant les trois premières années durant lesquelles le marché des EDPM s’est constitué. Aujourd’hui, si les contraintes se multiplient, elles ont un aspect positif qu’il faut apprendre à exploiter. 

Repenser les modèles

La logistique est aujourd’hui réglementée de manière plus stricte. Il faut dire que certaines circonstances, comme le coût de transport, permettent d’aller dans ce sens.

Prendre les coûts de transport comme une opportunité : l’augmentation récente du prix de transport pousse les fabricants à repenser leur business modèle. En confiant la conception, par exemple, à des acteurs locaux, ou en renforçant le dialogue avec les fournisseurs étrangers. 

 

Comment répondre à l’augmentation du coût des matières premières ?

Pour nos intervenants, la durabilité du marché des EDPM passera également par la mise à contribution des utilisateurs. C’est ce que fait par exemple Doctibike, expert dans le domaine de la batterie de vélo à assistance électrique et la mobilité douce, en proposant aux usagers d’apporter eux-mêmes leur trottinette, et en leur offrant la possibilité de diagnostiquer leur batterie pour en estimer la durée de vie. 

Travailler avec les logisticiens : en créant des espaces dédiés à la mobilité électriques, les villes permettraient aux habitants de stocker en toute sécurité leurs engins, et de surveiller le niveau de charge. 

Pour Laurent Vittecoq, CEO de Onemile France, la gestion des coûts nécessite de fédérer tous les produits de mobilité électrique et de ne pas se limiter à la micro-mobilité. En somme, de penser mobilité douce au sens large : “on ne vend pas qu’une trottinette, mais un état d’esprit”, renchérit Karim, qui rappelle que l’écologie n’empêche pas la rentabilité. 

 

L’interopérabilité, une des solutions au problème du recyclage ?

Rendre les batteries utilisables dans tous les EDPM : c’est peut-être également sur cela qu’il faut parier pour faire entrer les EDPM dans une logique environnementale. Pour que ce soit possible, trois clés, selon nos intervenants et Jocelyn Loumeto, Délégué Général de la FPMM : 

  • limiter la course actuelle à l’autonomie des batteries, en donnant aux usagers la possibilité de recharger plus facilement et plus vite leur batterie, quel que soit l’engin qu’elle supporte. 
  • penser des batteries amovibles : les modèles actuels sont encastrés dans les châssis. Ce qui peut être résolu assez aisément, étant donné que l’intégration au châssis est le plus souvent faite pour des raisons esthétiques. 
  • élaborer un standard commun pour les batteries, afin qu’elles soient utilisables sur tous les types d’appareils. Cette discussion est déjà en cours dans l’industrie automobile. 

 

A l’heure où la réparabilité des batteries se heurte parfois à la difficulté pour certaines marques de s’y conformer, l’interopérabilité, qui implique un dialogue renforcé entre les différents acteurs, pourrait se révéler un compromis des plus utiles.