Le marché de la trottinette électrique est en plein boom depuis quelques années. Les ventes ne cessent d’augmenter en France, et l’on remarque un véritable engouement vers ces engins à la suite du premier déconfinement en mai 2021. En effet, les trottinettes électriques comportent de nombreux avantages (praticité, respect des gestes barrière). Moins polluantes que les motos et scooters, elles répondent à un véritable besoin de mobilité pour les personnes actives et non actives.
La France compte 2 millions d’utilisateurs de trottinettes électrique. Avec 640 000 unités vendues pour la seule années 2020, la trottinette devient ainsi le N°1 de la mobilité douce et active. Et ces ventes ne sont pas un hasard ! 56 % des trotters utilisent la trottinette électrique dans le cadre de leur trajet domicile-travail.
Pourtant, les pouvoirs publics boudent encore ce mode déplacement en l’excluant de toutes les aides dédiées à la mobilité douce et active. Y aurait-il des aides à 2 vitesses ?

Les oubliés de l’aide à la mobilité électrique
Alors que le gouvernement multiplie les aides à l’achat pour les voitures, vélos et scooters électriques, le seul moyen de transport multimodal qui correspond à tous les critères d’un point de vue écologique, économique et sociétal est mis à l’écart.
Les aides sont ainsi concentrées sur une population ayant les moyens de résider en centre-ville.
Que fait-on alors pour les personnes qui habitent en périphérie des centres urbains et qui quotidiennement empruntent les transports en commun mais doivent trouver des solutions pour se déplacer sur le « dernier kilomètre » ? La trottinette électrique est pourtant la solution multimodale par excellence ! Elle permet de désengorger les villes des voitures et de faciliter les déplacements au quotidien.
La motivation écologique est certaine pour ceux qui souhaitent aller vers des engins électriques, mais les engins de qualité restent onéreux. A l’exemple des vélos et voitures électriques ont un coût élevé, et sont donc majoritairement achetés par des CSP+, comme Olivier Razemon l’explique dans un article paru dans le Monde “Le profil très CSP+ des acquéreurs de vélo à assistance électrique”. De nombreuses aides à l’achat existent pour encourager la mobilité électrique sur ces véhicules, voitures, vélos et même les scooters électriques. Le prix moyen d’un vélo électrique est de 2 079 euros (Observatoire du Cycle 2020), une voiture ou encore un scooter électrique peut bénéficier d’aides à l’achat dépassant les 2000 euros…
Quand on est une entreprise, on peut déduire de ses impôts jusqu’à 25% du prix d’achat pour les vélos d’une flotte d’entreprise pour les salariés, mais rien n’a été pensé pour les trottinettes électriques.
Or, les utilisateurs de EDPM sont à plus de 47% des CSP- (12% d’inactifs selon les 1ers résultats – inédits – de l’Observatoire des Micro-Mobilité du programme Mobiprox) qui achètent des trottinettes électriques car elles répondent non seulement à leur besoin mais aussi à leurs capacités financières.
On fait donc face à une absence de logique face aux aides pour promouvoir la transition écologique et la mobilité douce, qui ne bénéficient pas aux plus fragiles.
A quand les aides sur les trottinettes ?
Pour la deuxième année consécutive, les trottinettes arrivent en première position des ventes d’engins électriques de déplacement. Avec une moyenne d’âge de 37,8 ans, les acheteurs de trottinettes électriques sont pour la plupart des jeunes actifs, qui vont donc utiliser leur engin de façon régulière. Le problème qui se pose est alors celui de la durabilité des engins : les acheteurs n’ayant pas un fort pouvoir d’achat, ils achètent en majorité des trottinettes de primo-accédants, soit des engins à moins de 300 euros. Pourtant, les utilisateurs de trottinettes électriques, aux usages du quotidien très régulier, sont nombreux dans les grandes agglomérations autant que dans les plus petites : leur pourcentage avoisine les 33% dans les grandes villes.

Insérer l’aide à l’achat des EDPM dans une politique d’ouverture sociale
Actuellement, on compte quatre communes dont la politique sociale des mobilités inclut l’aide à l’achat des trottinettes électriques. Une aide qui peut couvrir entre 15 et 25% du prix d’achat selon la commune, soit entre 75 et 250 euros.
Accompagner les populations à faible pouvoir d’achat ou les inactifs à l’achat des trottinettes électriques permettrait aux utilisateurs de monter en gamme et d’utiliser des engins plus durables.
Il est donc temps que les collectivités aident ceux qui en ont le plus besoin à adopter ces moyens de déplacement plus respectueux de l’environnement. Des engins qui, de plus, s’avèrent moins chers que d’autres modes de transports. Instaurer une politique sociale qui inclut un accompagnement de la collectivité à l’achat des EDPM équivaudrait donc à équiper plus rapidement les citoyens en engins plus verts et plus facilement recyclables. Un pari gagnant pour l’accessibilité et la sauvegarde de l’environnement dans l’espace urbain.
